vendredi 28 septembre 2012

Le voisin, Tatiana de Rosnay



 Une chronique d'Elza Landry.



Quatrième de couverture :
Un mari souvent absent. Un métier qui ne l’épanouit guère. Un quotidien banal. Colombe Barou est une femme sans histoires. Comment imaginer ce qui l’attend dans le charmant appartement où elle vient d’emménager ?
À l’étage supérieur, un inconnu lui a déclaré la guerre. Seule l’épaisseur d’un plancher la sépare désormais de son pire ennemi… Quel prix est-elle prête à payer pour retrouver sommeil et sérénité ?
 
Grâce à un scénario implacable, Tatiana de Rosnay installe une tension psychologique extrême.
En situant le danger à notre porte, elle réveille nos terreurs intimes.
  
 
L’histoire et mon avis :
Maman de jumeaux, épouse aimante et souvent seule, Colombe est cependant loin d’être une femme comblée. Elle travaille à mi-temps dans une maison d’édition en tant que « nègre », et son travail ne lui plait pas. Elle rêve d’écrire un livre, d’être publiée. Mais voilà, Colombe n’a pas suffisamment d’ambition et de poigne.
Ainsi, à peine emménagé dans son nouvel appartement, elle s’efforce de supporter la musique du voisin. C’est un médecin respectable et très apprécié. Colombe préfère alors se taire et attendre qu’il cesse. Puis un jour, elle ose lui faire face…
 
  
Les ouvrages de Tatiana de Rosnay sont des écrits étranges à mes yeux. Je m’explique : le premier livre que j’ai lu (La mémoire des murs), je n’ai pas aimé. Déçue, vraiment, par l’intrigue qui ne m’avait pas menée là où je voulais aller. Du moins, dans la direction que j’aurais aimé suivre. Puis j’ai voulu renouveler l’expérience, les rencontres avec l’auteure. Je trouve qu’elle a le don de nous faire quelque peu voyager à travers ses romans. Pas forcément au sens spatial du terme mais plutôt dans le cheminement de ses personnages.

C’est ainsi que je lis ses livres. Rapidement (ils sont relativement courts), presque d’une traite, parfois même haletante, attendant un moment de libre pour avancer encore un peu dans ma lecture…

Le voisin est une œuvre qui m’a attirée, ne serait-ce que par le titre. Il y a sans doute une part de vécu personnel dans cette histoire. Un type capable de faire du raffut à une heure peu raisonnable, on connait parfois trop bien. Mais le rapport qu’entretien l’héroïne (j’ai hésité à utiliser ce terme… je me suis demandée s’il ne s’agissait pas plutôt d’une anti-héroïne, après tout) avec son mystérieux voisin d’abord sans identité, sans visage, est une relation psychologique intense qui pousse la mère de famille à aller loin et à se dépasser elle-même.

J’ai vraiment aimé cette tension, l’évolution de Madame Barou. J’ai tenu vraiment à lire l’ouvrage en évitant les pauses. Pour rester dans l’ambiance, devenir Colombe et découvrir un parcours tracé avec finesse et intelligence.
 
Néanmoins, je pense qu’après cette lecture, je vais peut-être hésiter à m’adresser à mon voisin. Qui sait où cela pourrait m’amener ?


Quelques phrases :
« Une nouvelle maison. Une nouvelle adresse. Une nouvelle vie. L’horizon paraît moins bouché. Colombe sourit.
Elle ne le sait pas, elle ne se doute de rien mais elle savoure une de ses dernières nuits de sommeil. » (page 30)
 
« Le silence s’est épaissi. Un silence de cimetière. Si ce silence avait une teinte, il serait noir […]. Il est des silences verts, comme ceux de la campagne ; des bleus, des blancs, comme ceux de la mer, de la montagne. Ce sont des silences habités, des silences pleins. Celui est vide. Insoutenable. » (page 44)
 
« Lentement, elle s’approche de la rampe pour jeter un coup d’œil dans la cage d’escalier. Elle est vide. Pourtant, il y avait quelqu’un. Quelqu’un qui l’observait.
Elle sent encore l’empreinte de ce regard intense, comme deux petits trous qui lui brûlent les omoplates. » (page 60)

1 commentaire:

Merci :)