samedi 29 mars 2014

La Chine d'en bas, Liao Yiwu




Présentation du livre : 
Un an après les sanglantes manifestations d'étudiants, d'intellectuels et d'ouvriers sur la place Tian'anmen, à Pékin, au printemps 1989, Liao Yiwu publie des poèmes pour commémorer cet événement. Ils sont immédiatement censurés. Pris en filature, menacé, battu, il croupit quatre ans dans une prison du Sichuan, sa province, où il connaît la torture et tente de se suicider. A sa libération, ayant perdu son statut social, ses amis du milieu littéraire et même son épouse, il devient musicien des rues à Chengfu, capitale du Sichuan. La Chine d'en bas est issu des rencontres de Liao Yiwu en prison puis dans la rue où il jouait de la flûte pour gagner sa vie, étant devenu un auteur dissident interdit de publication. Qui a-t-il rencontré ? Ceux que la Chine Nouvelle issue des réformes de Deng Xiao Ping refuse d'entendre, souvent ignorés au sein de leur propre communauté : un pilleur de tombes, un gérant de toilettes publiques, un haut fonctionnaire corrompu, un ancien garde rouge, un lépreux, un perceur de coffres-forts ... Ces 28 récrits de vies ordinaires plus ou moins interconnectés, recueillis pour la plupart dans le Sichuan, sont présentés sous forme de questions et de réponses. Ils constituent un témoignage passionnant sur l'histoire de la Chine moderne - du maoïsme et de la révolution culturelle à l'ouverture au capitalisme sauvage et au-delà, en passant par Tian'anmen ...

 Mon avis
C'est un livre qui ne laisse pas indifférent, qui ne se lit pas comme les autres. Déjà, il ne s'agit pas d'un roman, qui se lit d'une traite, mais d'une suite de petites "histoires", présentées sous forme d'entretiens. Je ne sais pas si toutes ces histoires sont vraies, une chose semble être sûre, elles ont bien été racontées à notre auteur, mais il n'a pas toujours les preuves que ce qu'il entend s'est réellement passé, même si je crois que c'est bien le cas pour  la plus grande partie. 

On trouve des personnages complètement différents dans ce livre, la plupart représentant ce qui semble être un métier (il y en a quelques uns que je ne connaissais pas, que je n'imaginais même pas) : un professeur, un musicien, un ancien fonctionnaire, un compositeur ... mais aussi un gérant de toilettes publiques, un pleureur professionnel ou encore des promeneurs de cadavres ! En tout cas, on voit bien que la Chine "d'en bas" regroupe des personnes de milieux vraiment différents.

Ces histoires ont en commun plusieurs thèmes, qui sont ici dénoncés : les persécutions, les dénonciations, la corruption, les violences ... On retrouve des noms qui nous sont familiers, au moins parce qu'on les a tous lus dans des livres d'histoire, ou entendus à la télé ou encore à la radio notamment le président Mao, mais aussi pour les plus experts Deng Xiaoping (secrétaire général du Parti communiste chinois de 1956 à 1967 et dirigeant  de la République populaire de Chine de 1978 1992) ou encore Jiang Zemin (secrétaire général du Parti communiste chinois entre 1989 et 2002 et président de la République populaire de Chine entre 1993 et 2003). On parle aussi de la Ligue de la jeunesse communiste ou encore de la Révolution culturelle. Les explications sont suffisamment claires pour qu'on puisse s'y retrouver, même si on n'est pas féru d'histoire. 

Certaines histoires sont vraiment dures à lire, comment imaginer qu'une telle souffrance puisse réellement exister. Et que dire des moyens plus que condamnables que certains ont trouvés pour juste réussir à sortir la tête de l'eau.

Quelques phrases reprises de l'histoire qui m'a le plus marquée : c'est la deuxième "le trafiquant d'êtres humains" qui traite du trafic des  femmes.
"Il arrivait que des jeunes mariées tentent de se suicider. mais, après une période de répulsion ou de rébellion, la plupart finissaient par accepter leur sort. Avec le temps, leur vie s'améliorait, elle devenait même douce. Pour une femme de la campagne, être attachée et battue est très courant. Un homme n'est pas un homme s'il ne frappe pas son épouse ou s'il est trop vieux pour ramasser une badine par terre. Une fois, je revenais des champs avec la mienne. J'étais tellement excité que je lui ai sauté dessus. Elle a protesté qu'elle avait ses règles, que je pouvais au moins attendre qu'il fasse nuit. Je ne voulais rien savoir; j'ai insisté pour la baiser immédiatement. Alors, elle a prétendu qu'elle était trop fatiguée, qu'elle n'avait pas la force de retirer son pantalon. ça m'a rendu fou. Mais avant que j'aie pu attraper un bâton pour l'obliger à se déshabiller, elle s'est sauvée. Elle a sauté dans la mer du village pour se noyer."

Une autre vision de la Chine à découvrir.

La Chine d'en bas est paru le 26 mars chez 13E Note Editions




2 commentaires:

  1. Voilà un livre qui a l'air de nous emmener au plus profond de la Chine. Celle dont les médias ne nous parle pas.

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    1. C'est bien le cas oui, et c'est terriblement instructif.

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Merci :)