vendredi 4 avril 2014

A l'encre russe, Tatiana de Rosnay


Présentation de l'éditeur : 
Alors qu’il était encore enfant, Nicolas Duhamel a perdu son père, disparu au large de Guéthary. À vingt-quatre ans, lors du renouvellement de son passeport, il découvre que ce père, parti trop tôt, n’était pas le fils de Lionel Duhamel et s’appelait en réalité Fiodor Koltchine. Pourquoi sa famille avait-elle délibérément rayé un pan de son histoire ? Théodore connaissait-il la vérité ? Les circonstances troubles de sa naissance et sa mort accidentelle étaient-elles liées ?

« C’en était fini de l’existence placide et tranquille de Nicolas. Il n’était pas un Duhamel. À cette seule idée, un abîme s’ouvrait sous ses pieds. En ce jour gris, pendant ces deux heures d’attente au Pôle de la nationalité française, un changement subtil s’opérait. C’est ce jour-là que naquit Nicolas Kolt, mais il ne le savait pas encore. » (p. 83)

Affecté par l’onde de choc de ces révélations, le jeune homme se lance sur la piste de ses ancêtres, jusqu’à Saint-Pétersbourg. De cette enquête découlera un roman, publié sous le pseudonyme de Kolt, qui rencontrera un succès phénoménal. Grâce à ce livre, Nicolas pense en avoir fini avec les fantômes du passé. Pourtant, lors d’un séjour dans un hôtel de rêve sur une île toscane avec sa fiancée, il verra s’accumuler orages et périls, défiler sa vie et se jouer son avenir.

Réflexion sur l’identité mais aussi sur l’écriture, À l’encre russe, spectaculaire roman à tiroirs, marque le sacre de la reine du secret.

Mon avis :
Je ne présente plus Tatiana de Rosnay, c'est le 4ème livre que je chronique (après La mémoire des murs, Rose, Le coeur d'une autre et il y a aussi la chronique d'Elsa Landry sur Le voisin). 
 J'ai eu la chance de la rencontrer lors du Salon du livre de Paris 2014, et de repartir avec une dédicace, pour une copine (je n'ai pas amené mes livres, on m'avait dit que c'était interdit, et pourtant, j'aurais dû ... et acheter le livre une seconde fois, ça ne m'intéresse pas). 

A l'encre russe, c'est l'histoire de Nicolas Duhamel, un écrivain célèbre (connu sous le nom de Kolt), suite à la parution de son livre, L'Enveloppe. Nous sommes au début de l'histoire, une journaliste, Frédérique, conseille à Nicolas un hôtel de luxe en toscane, le Gallo Néro. Il se décide à appeler pour réserver. Tout d'abord, on lui annonce  qu'il n'y a plus de place. Mais, rapidement, une fois que Nicolas dévoile son identité,  l'interlocuteur change de discours : la chambre est réservée. Il s'y rend avec Malvina, une très jolie jeune femme avec laquelle il entretient une relation depuis quelques temps (ce qui ne l'empêche pas de penser à Delphine, avec laquelle il a rompu deux ans plus tôt), ni de chercher à prendre du bon temps avec d'autres femmes. Face à ce succès, il oublie quelque peu sa famille et ses amis, notamment François, un ami d'enfance, il n'est alors attiré que par le luxe, se focalise sur sa célébrité et développe un égo plutôt surdimensionné. Son livre se focalise sur un personnage : Margaux Dansor, une femme âgée de 48 ans. Pour écrire son livre, il s'inspire de sa propre histoire : il découvre lors du renouvellement de son passeport que sa mère est née en Belgique et son père ... en Russie, sous le nom de Fiodor Koltchine. Il devra alors prouver sa nationalité.

Les thèmes sont variés et nombreux dans ce livre : la question de l'identité, mais aussi de la célébrité, de l'angoisse de la page blanche, des dérives du succès. J'ai aimé le portrait croqué de Nicolas, que je ne peux envier, qui vit dans l'illusion, le paraître. Il est finalement touchant, paraissant victime de sa soudaine notoriété.

J'ai aimé la construction qui s'apparente à une mise en abyme littéraire : l'histoire de Margaux Danson, racontée par Nicolas Kolt, l'histoire de ce dernier racontée par Tatiana de Rosnay qui a connu cette question de l'identité.

Un passage que j'ai beaucoup apprécié : quand Nicolas Kolt découvre, enfant, assis à côté de son père, dans l'avion, le plaisir de l'écriture "et les mots affluèrent, enfilés telles des perles, qui jaillissaient de lui sur le papier, comme autant de joyeuses petites créatures enfin en liberté, et il y trouvait une satisfaction surprenante", plaisir retrouvé quelques années plus tard "Ce n’est que quatorze longues années plus tard, quand Nicolas s’assit pour écrire les premières pages de L’Enveloppe avec la même plume d’or, qu’il renoua avec ce plaisir enivrant. Celui-là même qu’il avait ressenti dans l’avion, et qui l’emportait dans un monde secret dont il était le souverain. Un plaisir si intense, si pur, qu’il sourit, seul, au souvenir de Rascar Capac et de sa lueur bleue."

Ce qui m'a amusée : lire qu'Arnaud Dansor, le mari de Margaux (donc le personnage de Nicolas Kolt) surnomme sa femme "Silver Disco Queen", le personnage de Patrick Treboc, les références à l'actualité plus ou moins contemporaines au moment de l'histoire, les avis de Nicolas Kolt via twitter sur ma lecture ... (oui, oui, vous avez bien compris ...).

Il y a un seul point toutefois que je n'ai pas aimé : le catalogue des habitudes d'écriture des auteurs ... j'ai trouvé ça pompeux.

Dans l'ensemble, j'ai vraiment passé un bon moment de lecture. Le livre se lit rapidement (en deux jours, certainement parce que je voulais connaître la suite de l'histoire !), l'écriture est fluide, les événements s'agencent naturellement. C'est un livre différent des autres, on ne retrouve pas par exemple la même puissance des émotions qu'on a pu ressentir dans Rose et que certains visiblement attendaient, ce qui n'empêche pas A l'encre russe d'être un bon livre, loin de là : j'apprécie justement chez Tatiana de Rosnay cette capacité à pouvoir changer de registre, avec talent et habileté.




6 commentaires:

  1. Le personnage de Nicolas m'a plu aussi. J'ai préféré ce roman à Rose que je n'avais pas aimé.

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  2. j'aime beaucoup tatiana de Rosnay...

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  3. cela fait un temps dingue que je me dis que je dois ouvrir un de ses livres... il y en a pourtant dans ma PAL...
    bisous

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    1. Il est resté un moment sur ma PAL aussi avant que je décide de l'en sortir !

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Merci :)