samedi 27 septembre 2014

Chouquette, Emilie Frèche






Quatrième de couverture :
Qui est "Chouquette" ? Jeune grand-mère peu soucieuse de sa progéniture, femme blessée ou fêtarde rêvant de luxe et de paillettes... Voilà le portrait d'une femme qui se noie, d'une époque qui boit la tasse et d'une génération qui tente, coûte que coûte, de garder les yeux grands fermés. Chouquette est le roman d'un monde en crise, du déni, de la peur de mourir et de l'héritage que nous laissons à nos enfants.

Mon avis : 
 "J'adore mon petit-fils. Je te le dis parce que je te vois venir, ce n'est pas la peine d'essayer de me culpabiliser, tu n'y arriveras pas. Je n'ai rien à prouver à personne, OK ? J'ai soixante balais et je veux profiter. Oui, parfaitement, PROFITER. Il me reste quoi ? Combien de belles années ? Une dizaine à tout casser ? Et encore, si j'ai de la chance. Je ne me laisserai pas bouffer. Tu peux penser que je suis un monstre d'égoïsme, je m'en balance. Tout le monde est égoïste. Adèle, toi la première. M'as-tu consultée avant de faire cet enfant ? Non. C'est bien ce que je dis, tu es une ÉNORME égoïste".
Ce sont les premières lignes du roman (et ça dure trois - quatre pages). Autant dire que je me suis posée beaucoup de questions en le commençant, et j'ai rapidement craint de ne pas l'aimer, dérangée par un tel discours.

"Chouquette" c'est Catherine, une femme de 60 ans. Elle est mariée à Jean-Pierre, depuis de longues années. Ils ont une fille, Adèle, elle-même maman d'un petit Lucas. Mais, tout n'est pas idyllique. Cela fait quelques temps que Catherine refuse d'admettre que Jean-Pierre l'a quittée et elle n'est pas la grand-mère idéale dont sa fille rêvait : elle est finalement bien seule. Elle décide même de partir en vacances à Saint-Tropez avec Diane, une ancienne maîtresse de son mari, ne voulant pas partir seule. Ce qui l'intéresse ? Les soirées branchées, les cocktails, le luxe.  Quand elle comprend qu'elle devra s'occuper de son petit-fils qui a attrapé la varicelle, elle est persuadée que sa fille (partie à l'étranger avec son mari) l'a fait exprès. Mais, il faudra bien qu'elle s'occupe de lui et les débuts ne seront pas les moments les plus faciles.

On pourrait croire que c'est juste une femme égoïste, mais Chouquette c'est surtout une femme seule, blessée et malheureuse. Elle refuse de vieillir, elle refuse de voir que les choses changent autour d'elle. Elle a dû subir les tromperies régulières de son mari au point d'être amie avec certaines de ses maîtresses parce qu'elle ne voulait pas le perdre. Elle veut avant tout sauver les apparences et faire croire que tout va toujours pour le mieux, que son mari - en couple avec une femme beaucoup plus jeune qu'elle et occupé par la crise économique - va venir la rejoindre, dans leur maison de vacances. Forcément, il y a un moment où elle devra sortir de ce déni.

C'est un livre bien écrit, qui se lit rapidement pas seulement à cause de sa brièveté (158 pages), mais parce qu'on a envie de découvrir la suite. Le portrait de Chouquette est bien dessiné, on ressent l’ambiguïté du personnage. En lisant les premières pages, je ne l'aimais pas cette grand-mère déglinguée. Puis, on commence à la connaître, et j'ai plutôt ressenti de la tristesse pour elle, voire de la compassion. J'ai eu envie de la remuer un peu aussi parce qu'elle a trop vite baissé les bras, pensant peut-être que les choses s'arrangeraient d'elles-mêmes.

Un bon livre, à découvrir. C'est une plume, un style que j'aime beaucoup. J'ai l'impression que cette auteure peut écrire / a déjà écrit un livre qui me transportera complètement. Il me restera à trouver lequel !

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