Quatrième de couverture :
Quoi de plus éprouvant que de se voir confier l'organisation des funérailles d'une grand-mère redoutable qui n'a pas cessé de vous empoisonner l'existence ?
Elias peut comprendre qu'on se suicide lorsqu'on habite à Poitiers; le jour de Yom Kippour, jour du Grand Pardon, passe encore ! Mais est-il vraiment préparé à affronter une lettre d'adieu d'un mètre cinquante et rédigée au marqueur rouge ? A la disparition d'une bague séculaire, sertie de diamants, qui doit lui revenir enfin ? A une pénurie de chambres d'hôtels dans une ville que personne ne devrait visiter ? A l'étrange rencontre avec une charmante Bulgare ? Et, pour finir, à la découverte bouleversante du plan machiavélique mis en oeuvre par sa grand-mère pour mettre fin à ses jours ?
Le temps des obsèques, Elias va convoquer la mémoire de ses aïeux pour comprendre le poids que l'Histoire a fait peser sur sa famille et vivre enfin en paix avec ses fantômes.
Cette rentrée littéraire m’a
confirmé quelque chose : le mot « Dieu » ne cesse d’être
d’actualité. Pour Cyril Massarotto c’est un pote « Dieu est
un pote à moi », pour Samuel Doux
« Dieu n’est même pas mort », il faut dire qu’il y a encore peu de
temps Harold Cobert le voyait surfer au Pays Basque …
Cette fois-ci c’est vers le livre
de Samuel Doux que je me suis penchée. Et j’ai eu raison.
Les premières pages du récit s’ouvrent
sur le personnage d’Elias Oberer. C’est un homme de trente ans qui vit à Paris,
célibataire, pas d’enfants. Un jour alors qu’il était à son travail il reçoit
un appel d’un numéro inconnu. Il préfère ne pas répondre et attendre le message
sur le répondeur, message qui ne tarde pas à arriver : c’est sa
petite-cousine Béatrice qu’il n’a pas revu depuis la mort de sa mère (il y a
seize ans). Elle l’appelle pour savoir s’il a des nouvelles de sa grand-mère
qui demeure introuvable. Une chose tout de suite effleure l’esprit d’Elias :
sa grand-mère est morte. Il part manger. Sur le chemin du retour, le téléphone
sonne à nouveau : c’est encore Béatrice. Il ne décroche pas, elle ne
laisse pas de message ce qui renforce sa première idée. Il se décide à la
rappeler et obtient la confirmation : sa grand-mère est bien décédée.
Elle s’est suicidée, le jour du Grand pardon (Yom Kippour). Il sait qu’il doit
y aller. Il rentre chez lui, rassemble quelques affaires et prend le train pour
rejoindre la maison de sa grand-mère, à Poitiers, une ville qu’il n’aime pas.
Il n’est pas triste de ce décès, il est plutôt soulagé : enfin il n’aura
plus besoin de l’appeler et surtout, une seule chose l’obsède : l’héritage.
Par la suite, trois autres
narrateurs s’enchaînent, nous faisant découvrir d’autres histoires, dans des
époques et des lieux différents : celles de Moshe Herschel, de Paul Serré
et d’Emmanuelle Serré. Ces histoires qui, rassemblées ainsi, forment une grande
histoire : celle de la famille d’Elias.
J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai
aimé rencontrer les personnages au fur et à mesure des pages. Ce livre se présente comme un labyrinthe : c’est comme si, en
fonction des chemins que l’on prenait – chemins qui sont, il est vrai, déjà
tracés par l’auteur - on pouvait découvrir un nouveau pan de la famille. La
structure est suffisamment bien liée pour ne pas être trop perdue, même si
parfois j’ai dû faire attention à bien rester concentrée.
Elias est un personnage qui
semble tout de suite peu commun et pour cause : il n’est pas touché par la
disparition de sa grand-mère. Il faut dire que c’était une femme culpabilisante qu'il n'appréciait pas vraiment. De cette mort, il ne ressent
qu’une certaine joie et seul l’héritage l’intéresse, notamment une bague sertie
de diamants (qu’il retrouvera dans un lieu plutôt étrange) qui se remet de
génération en génération. Il apparaît comme froid et cynique mais, bien qu’il
semble être celui qui se détache le plus de cette famille, on se rend compte qu’il
ne peut l’être complètement, comme si les histoires de ses ancêtres l’avaient
déjà quelque peu façonné.
Mais ce n’est pas seulement
l’histoire de la famille d’Elias qui
nous est racontée. Grâce à ces quatre narrateurs, l’auteur nous fait
traverser le XXème siècle en rappelant l’Histoire : ainsi Moshe nous amène
dans une Pologne où les juifs sont persécutés au début du siècle tandis que Paul Serré
nous rappelle l’horreur de l’Occupation.
Face à ce passé de souffrances je trouve que la méthode choisie par la
grand-mère d’Elias pour se suicider est extrêmement symbolique (et
là, il va falloir lire le livre pour trouver comment elle a agi).
C’est une belle réflexion que
nous offre ici Samuel Doux dans ce premier roman. Avant même le récit, l’auteur
nous fait (re) découvrir deux citations qui sont judicieusement choisies :
une de Pascal et une autre de Christa Wolf. D’emblée,
elles nous plongent dans le thème du livre : quel est le poids du
passé sur notre présent, sur l’avenir ? Quid de la mémoire ?
Quelques phrases :
- " Ma grand-mère est petite, sèche, avec des cheveux épais et argentés, l'oeil clair, la peau blanche, ridée de larges hanches venues d'Algérie. C'est quand même une salope, une salope qui s'est ignorée, une salope qui a ses raisons, une salope que l'on peut comprendre. Cela ne change rien, qu'elle meure, que son règne cesse, je n'attends que ça depuis seize ans." page 14.
- "Je me réveille parfois avec la certitude que je viens de tuer ma famille." page 139.
Livre lu grâce aux Chroniques de la rentrée littéraire
Et dans le cadre du challenge 1% de la rentrée littéraire (2/7)
Tentant ce bouquin !:
RépondreSupprimerN'hésite pas à me dire ce que tu en as pensé si tu te laisses tenter !
SupprimerBillet ajouté, car je l'ai vu chez Sophie...Merci de penser à me donner tes liens !!!
RépondreSupprimerJe pensais l'avoir fait sur les deux ... Je n'y manquerai pas la prochaine fois ! Une chance que tu as l'oeil partout ;)
SupprimerCe livre est également dans ma PAL (dont le niveau baisse tout doucement). Je viendrai te dire ce que j'en ai pensé.
RépondreSupprimerJ'ai hâte de savoir !
SupprimerTrès bon article et très bon blog!!!!à mettre en favoris..votre blog est en lien sur Le MagChic
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ces compliments et d'être passé ici !
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